à propos du CNED, par Karine

27/10/2012 11:38

 

La rencontre avec Émilie (14 ans) nous a fait prendre conscience de la chance que nous avions de bénéficier des cours du CNED. Émilie est belge et pour elle comme pour son petit frère de 11 ans c'est l'EAD, l'école à domicile. Ils n'ont que les matières principales ( français, néerlandais, maths et éveil), les cours sont moins performants et quelquefois sur des vieilles cassettes ( dont il leur a fallu d'ailleurs trouver un lecteur à embarquer....). Émilie s'est faite à l'idée de peut-être redoubler, ou tout au moins d'avoir besoin de cours particuliers au retour pour retrouver le niveau.

 

En France, depuis 2009, les cours du CNED sont gratuits pour les enfants comme les nôtres qui sont éloignés d'un lieu de scolarisation, pour les enfants hospitalisés, pour les enfants du voyage... Pour cela, l'accord de notre inspecteur d'académie est indispensable.

 

N'ayant pas d'adresse fixe, nous avons donné celle des parents de Jérôme qui ont gentiment accepté de recevoir les colis et de nous les faire parvenir. Par chance, ces derniers sont arrivés plus tôt que prévu et nous avons pu partir avec les cours, ce qui n'est pas le cas de tous les bateaux. Au port de Rubicon, sur Xylang Xylang, les cours sont arrivés fin septembre. Maintenant pour eux, c'est le grand marathon !

Philippine a reçu l'année entière de sixième. Pour Jeanne, les cours sont plus volumineux. Elle a reçu la première moitié, la seconde devant arriver en décembre.

 

L'année du CNED est divisée en 12 séquences que les enfants ont entre deux et trois semaines à réaliser. Au terme de la séquence, un devoir est à envoyer dans chaque matière. Des dates précises sont imposées, à nous de tenir compte des délais d'acheminement, évidemment ! En ce moment, les deux premières séries de devoirs ont été expédiées et les filles travaillent sur la séquence 3. Nous avons connaissance des notes et des corrigés tardivement. Pour l'instant, Jeanne est la seule à avoir eu une note ( un 20 en espagnol, ça motive!) et à chaque fois que nous avons une connexion à internet, nous consultons le site pour savoir si d'autres copies ont été corrigées.

 

En théorie, nous avons prévu que les matinées seraient réservées au travail scolaire. En réalité, nous devons composer avec le programme prévu. Très vite, il n'y a plus eu de mercredi, de samedi ou de dimanche. Nous composons au jour le jour.

Jeanne, en bête de course , travaille dès qu'elle a un peu de temps. En mer, malgré la houle et parfois le bruit du moteur, elle bosse . Je suis particulièrement admirative : je ne le ferais pas ….

Philippine, plus sujette au mal de mer, a besoin de sortir au grand air. Donc pour elle, le travail dépend des conditions météo.

 

Le niveau des cours est excellent. On nous a fourni, en plus des livres, des corrigés et des devoirs, une série de CD audio et vidéo que je me suis empressée de sauvegarder sur les ipod pour qu'elles puissent travailler avec les écouteurs ou se partager le poste . En langue, elles s'en servent pour la compréhension de dialogues et les répétions de phrases. En musique, on leur passe des extraits et on leur montre même comment se tenir pour chanter, on leur fait écouter de l'opéra, du scat... Pour nous aussi qui participons, c'est très sympa. En français aussi, pour Philippine par exemple, l'Odyssée d'Homère est lue par passages, ce qui rend la lecture de l’œuvre plus abordable et attractive.

Nous avons été étonnés par la transversalité des disciplines : Jeanne étudie la seconde guerre mondiale en histoire, lit des ouvrages sur cette époque en français et compare Hitler et Staline en histoire de l'art. Philippine travaille sur la mythologie en français et sur la Grèce en histoire. Belle coordination entre les matières !

 

Et Jean-Camille me direz-vous ?

Pour lui, l'école n'étant pas obligatoire, pas de cours du CNED. Grâce à Stéphanie de l'école, j'ai pu lui constituer des classeurs entiers de fichiers de Grande Section. Comme nous nous en doutions, il a su déchiffrer très tôt et tout seul, me privant de la fierté de pouvoir dire que c'est moi qui lui ai appris. Cet été, il a trouvé mon livre de la méthode phonétique Borel Maisonny. Connaissant déjà tous les sons, il y a associé les gestes. Il ne nous parlait plus qu'en signes, détaillant toutes les syllabes.ça devenait pénible tant ça prenait du temps. De l'extérieur, on devait penser qu'il était sourd et muet … maintenant , il est fier de pouvoir lire aussi l'espagnol !

En numération, il nous a aussi bluffé le jour où il nous a dit que Jeanne était à la page 250 de son livre. Nous n'avions pas pris conscience qu'il allait si loin, même si passion pour les chiffres ne date pas d'hier . Quand il demande à faire un dessin, ça se finit immanquablement par des séries de chiffres qui remplissent la feuille. Il ne maîtrise pas encore le passage à 70 mais comme il adore jouer au loto, ça ne devrait pas tarder. Il se repère remarquablement dans le temps et l'espace, mais reste toujours un gros gros bébé au quotidien …