Départ des Açores : cap sur le vieux continent !

27/06/2013 16:05

Cette fois-ci, pas de photos, pas de vidéo.... et pour cause. La seule vidéo que les enfants aient prise était de moi, affalée dans le carré, me tenant le ventre et me lamentant, le sourire en coin ''je vais mourir, je vais mourir …. ''

Nous sommes partis pourtant avec des conditions plutôt sympas, mais avec à peine assez de vent pour avancer et Océanix bouchonnait. Fritz et moi avons vite été un peu dérangés par ce mouvement. Je m'en suis sorti assez rapidement, mais notre pauvre équipier a été malade quasiment pendant les 6 jours qu'ont duré notre traversée.

 

Petit retour sur les facteurs qui favorisent le mal de mer : les fameux 4 F.

 

La Faim : c'est pour cela que je prépare généralement des repas pour les deux ou trois premiers jours. Ne pas avoir à cuisiner, c'est ne pas avoir à descendre dans le carré. Cette fois-ci, on a été un peu occupés aux Açores et je n'ai pas pris le temps de bien le faire.

 

La Fatigue : bon, là c'est sûr, on est partis crevés. Trop de soirées, pas assez de siestes, des journées bien pleines. Penser que l'on va récupérer en navigation est une erreur car le rythme en mer est bien différent il faut un petit moment pour s'y habituer. Les conditions du départ étaient pourtant soft, mais nous savions qu'à la fin il y aurait beaucoup plus de mer et au-moins 30 nœuds de vent. Je pensais avoir quelques jours devant moi pour dormir suffisamment pour être d'attaque à affronter tout ça .

 

Le Froid : Déjà aux Açores, la température avait bien chuté et les enfants disaient que c'était notre hiver. En mer, nous avons eu du vent de nord en permanence, et malgré un très beau soleil, ça nous glaçait, surtout la nuit.

 

La Frousse : Tout allait plutôt bien jusqu'au jour 5 où Jérôme est venu me dire à l'oreille pendant que je faisais la vaisselle un soir: ''On a un problème avec le safran ( le gouvernail). C'est sérieux. On peut le perdre ou avoir une voie d'eau. On va manger tranquillement, puis on va l’annoncer aux enfants et préparer des sacs étanches au cas où il faudrait monter dans le radeau de survie. ''

Tout s'est passé comme prévu. On a mangé, on a prévenu les enfants, on a préparé des sacs, tout ça dans une ambiance aussi détendue que possible. Dehors la nuit était tombée, le vent soufflait à 30 nœuds et les vagues atteignaient bien 4 mètres de creux. Sauter dans le radeau de survie dans ces conditions-là n'enchantait évidemment personne. La frousse, je crois qu'on l'a à peu près tous eue à ce moment-là ! Les enfants ont du choisir dans l'urgence une ou deux choses de leurs affaires à garder. Contrairement aux autres nuits, Jérôme n'a pas voulu nous réveiller pour nos quarts. Il a assuré tout seul, Fritz le relayant une fois pour qu'il se repose. Au matin, le vent et les vagues se sont un peu calmés, le safran était toujours là et nous avons opté pour un atterrissage au plus près d'un chantier, au sud de la côte portugaise, à Portimao. De toute façon, Gibraltar est impossible à passer avec 30 nœuds de vent d'Est, soit de face.

 

Passé le célèbre Cap Saint Vincent, nous sommes à présent à l'abri de ce vent froid de Nord. La mer est calme et le soleil nous enveloppe de sa chaleur. On se croirait presque en Méditerranée. Enfin d'après-midi, nous jetons l'ancre dans l'avant port de Portimao. On ne s'attendait pas à cette escale, nous ne connaissons pas le Sud du Portugal. A première vue, c'est beau : des falaises rouges, des grandes plages et des petites criques, et du soleil ! Les premiers français à qui nous parlons sont les parents de Sébastien Josse, célèbre navigateur du Vendée Globe entre autre. Ils nous proposent des les suivre à Vilamora le lendemain mais des néerlandais nous conseillent de rester à Portimao où les chantiers ont bonne réputation. Objectif de demain : trouver un chantier qui pourra sortir Océanix de l'eau afin de réparer le safran !