''houleuse'', la traversée pour le Cap vert !

16/11/2012 19:06

 

J

Jour du départ. En fin d'après midi, nous prenons la mer. La sortie du port est calme. Qu'elle est belle la Gomera vue du bateau !

Nous sommes en pleine partie de Yam's avec les enfants lorsque nous voyons se former droit devant nous un magnifique cumulonimbus, bien identifiable avec sa forme d'enclume et ses éclairs qui illuminent l'horizon, celui en dessous duquel il est écrit dans les livres de météo marine '' attention aux dangers de ce nuage : visibilité réduite, foudre, violence de la rafale.'' Nous avons deux options : prendre la fuite, rentrer au port qui n'est qu'à quatre miles, passer une nuit calme et repartir demain, ou avancer prudemment en préparant le bateau et l 'équipage à un orage et un coup de vent. Nous prenons la seconde option ( on est des aventuriers ou quoi ? ), et bien nous en a pris : nous passons à côté sans en subir trop les conséquences. On dirait que la chance nous sourit !

 

 

J+1

Le vent prévu est bien là, et on s'en réjouit. Le bateau avance vite . Par contre la mer est horrible : hachée, houle croisée, elle renverse Océanix dans tous les sens. A l'intérieur, c'est une machine à laver. On ne peut pas faire un pas sans se cramponner. Philippine et moi passons le plus clair de notre temps dehors. Jérôme assure les repas car pour moi, rien ne passe...Plus efficace que Ducan ou la chrono-nutrition, le régime de la plaisance me fait perdre quelques kilos sans trop d'efforts.

Le petit plaisir du jour : j'ai doublé une tortue ( ça me rappelle une fable...)

Depuis sa rencontre avec Clément, Jeanne a décidé de reprendre les quarts. Jérôme et moi nous partageons la nuit et elle prend le relais de 6 à 9 heures. C'est une aide précieuse !

 

J+2

Comme c'est long....

Toujours bonne à rien, sauf à barrer. Après les jours de sur-activités avant le départ, c'est dur de rester sans rien faire...même pas lire ou écrire... Jérôme me fait la lecture d'un petit guide sur Le Cap vert. Nous ne retenons que le négatif ( morne, désertique, insécurité, vols, …), et notre enthousiasme faiblit.

La mer est encore plus forte qu'hier. En plus d'être hachée, on a une belle houle avec des bons creux...et ça souffle toujours...

Jeanne nous rend un devoir de SVT, j'hallucine . Philippine se prend des paquets de mer. Elle ne se plaint pas , mais ce n'est pas drôle pour elle. Jean-Camille joue dans sa cabine comme si de rien n'était.

Nous prenons la météo par le téléphone satellite : la nuit risque d'être encore plus difficile.

 

J+3

En effet ! Je suis réveillée en sursaut par un gros bruit. Jérôme m'annonce qu'on a perdu le GPS. Encore un empannage qui a mal tourné. C'est la tuile. Par vent arrière, Jérôme avait installé une retenue de bôme mais celle ci a cédé et tout balayé sur son passage. Il nous reste heureusement l'Ipad, les cartes papier et au pire un sextant ( mais on ne sait toujours pas s'en servir)....Y'a pas mort d'homme, mais c'est un coup dur. Il était rassurant ce Garmin qui faisait aussi AIS, dommage qu'il finisse en offrande à Neptune. Jusque là, le Dieu de la mer se contentait de quelques pinces à linge ou de serviettes de plage...

Jean-Camille passe la matinée à chanter « la tristitude'' d'Oldelaf . Je crois qu'il a bien saisi la teneur du moment que l'on vit.

Les 25 nœuds qui étaient annoncés se transforment en fait en 35 nœuds. Sans génois, avec trois ris dans la grand-voile, on avance encore à 8 nœuds. Quant aux creux, n'en parlons pas. Selon Jérôme ils font entre 4 et 5 mètres.

La bonne nouvelle, c'est qu'on est presque amarinés. Philippine et moi prenons maintenant des repas presque complets avec les autres à l'intérieur.

Le petit plaisir du jour : observer les poissons volants

 

J+4

Nous trouvons au matin quatre poissons volants qui sont venus finir leur course sur le pont.

Le vent souffle encore beaucoup. On fait tomber la grand-voile et on n'avance plus qu'avec le génois un peu déroulé. On pourrait sortir un mouchoir de poche qu'on avancerait encore ! Le problème, c'est que, selon nos calculs, nous devons arriver de nuit, ce qui nous paraît un peu risqué compte tenu de l'absence de feu notre GPS, du manque d'éclairage et de la cartographie pas toujours fiable du Cap vert. Il va falloir encore ralentir et se dérouter un peu pour préparer notre arrivée au matin.

 

J+5

C'est encore la nuit, mais tout le monde est debout : on voit de la lumière , terre !!!

Nous arrivons au port de Palmeira sur l'île de Sal . Bon, en fait d'un port, c'est un mouillage, mais pas grave, ce qui compte c'est que le bateau soit stable pour que tout le monde se repose. Avec bonheur, nous retrouvons des batocopains. Nous avons tellement de choses à partager !

Ulys vient nous voir en premier : il s'inquiétait de ne pas nous voir arriver et nous avait envoyé des messages sur l'Iridium. Il a déchiré son Ginnecker ( voile parachute d'avant) . Tous les bateaux ont souffert : Vanilys a abimé son génois. Le Marguil a eu une voie d'eau ( Julie en est quitte pour une bonne frayeur). Alain , qui navigue en solitaire sur Aljuba, a eu ses deux pilotes en panne et son cockpit inondé trois fois. Certains remettent en cause la suite du voyage ...

Tout le monde est heureux de se revoir, de raconter ses aventures, de panser ses blessures, de retrouver un peu de stabilité et de découvrir cette nouvelle escale aux couleurs africaines. Cet après midi, nous allons à l'aéroport faire les formalités, ensuite, on avisera et on se laissera surprendre ….

 

Les connexions internet sont de plus en plus difficiles. Nous continuerons à donner des nouvelles, mais peut-être un peu plus espacées !