Océanix s'improvise dans le sud du Portugal

03/07/2013 18:42

Encore un endroit où nous ne serions jamais allés spontanément. Et pourtant nous allons passer une très belle semaine dans le sud du Portugal, dans cette belle région appelée l'Argave.

 

Il est l'heure désormais pour Fritz de prendre son envol. Adopté par la famille, il reprend son vélo sur le quai du port. Nous aurons passé plus d'un mois ensemble et retiendrons de ce globe-cycleur sa capacité à se défouler en jouant à la bagarre avec Jean-Camille, son appétit de grand adolescent, ses plats saxons à base de fromage frais et de pomme de terre au nom imprononçable, son acharnement à essayer d'apprendre la langue de Molière et tous les cours d'anglais et d'espagnol qu'il a pu donner aux filles qui ont indéniablement fait de très gros progrès. Il part maintenant en direction de Lisbonne. Ses parents sont soulagés qu'il soit enfin en Europe et qu'il puisse venir fêter à Dresden leurs 50 ans mi-juillet, on les comprend !

 

Nous trouvons un chantier qui peut sortir Océanix de l'eau dans un délai de trois jours ( le jour de la grève nationale du Portugal, c'était pas gagné ! ), ce qui nous laisse du temps pour gérer l'intendance nécessaire après 6 jours de mer ( ménage, lessives, courses...) et pour découvrir cette nouvelle région. C'est à Portimao que nous avons jeté l'ancre, à l'embouchure du fleuve Arade. C'est une station balnéaire avec ses grandes plages , ses falaises rouges, ses grands immeubles et ses boutiques de souvenirs. Le mouillage est bien entouré : d'un côté du fleuve, le port avec toutes les commodités que l'on peut chercher, et de l'autre la vieille ville des pêcheurs pleine de charme avec ses petites ruelles du haut desquelles pendent des rubans suspendus. Au premier abord, surtout par le climat, on se croirait en Méditerranée , mais l'odeur de la sardine grillée à chaque coin de rue nous rappelle aussi l'île d'Yeu. A vélo, nous longeons la côte pour aller jusqu'à Alvore. Le village est mignon mais c'est surtout la lagune qui nous séduit et ses kilomètres de chemins aménagés en bois où nous pouvons circuler en pleine nature.

Au chantier, nous en profitons pour faire l'anti-fouling ( peinture sous la coque). Les filles nous donnent un bon coup de pinceau. Nous commençons très tôt le matin et l'après midi nous traversons la rivière en annexe pour nous balader. La ville est agréable et très propre. On aime ses pavés, ses grandes places et certaines façades colorées nous rappellent les Açores. En haut des cheminées trônent les cigognes dont les nids résistent à toutes les tempêtes. C'est la période de l'arrivée des petits. Ce ne serait donc pas une légende ?

 

Et comme à toutes nos escales, nous rencontrons des tas de personnages sympas comme ce couple de retraités bretons qui est tombé amoureux de la région et y passe tous ses hivers depuis des années sur leur catamaran, cette petite famille qui navigue sur Elsouerte et qui va suivre le même parcours que nous , cette commerçante portugaise née à Paris qui nous raconte comment les portugais traversent la crise, cette caissière qui arrive d'Ajaccio, et notre voisin au chantier, un anglais propriétaire d'un magnifique voilier de 65 pieds et qui propose gentiment à Jean-Camille de venir se baigner dans son jacuzzi ( et celui-ci de répondre ''non, pas maintenant'' ). Et puis, au chantier , il y a Jacques, Jacques Jaune ( ça ne s'invente pas, Fièvre et Jaune sont fait pour s'entendre ), un belge pensionné qui vit seul sur son 49 pieds et avec qui nous allons vite sympathiser. Il nous raconte ses petits boulots, ses voyages, ses rencontres, ses naufrages, ses craintes pour l'avenir. Encore un personnage que nous ne sommes pas près d'oublier.

 

Le bateau est fin près : la bague du safran a été changée. La grue étant plus petite que celle d'Ajaccio, il a été compliqué de soulever le bateau suffisamment pour retirer le safran : il a fallu désouder l'éolienne et retirer le pataras, mais l'équipe du chantier a été rapide et efficace. Nous avons hâte de remettre le bateau à l'eau car une fenêtre météo très brève s'annonce pour mardi et mercredi pour passer Gibraltar. Jacques nous fait de savants calculs pour traverser le détroit dans les meilleures conditions, de jour et avec la marée. En partant lundi soir, ce n'est pas gagné, mais on va tout faire pour !