La malédiction de la Martinique 2

08/02/2013 23:03

 

Fichu mal de mer … il nous fait avoir des réactions inattendues ….

    Nous partons de Saint Vincent à la tombée de la nuit un samedi soir pour pouvoir arriver dans la journée du dimanche et être à l'heure à nos rendez-vous au Marin le lundi matin. La météo est bonne et nous naviguons sous le vent des îles, donc bien protégés. Mais il nous faut traverser deux canaux : entre saint Vincent et Saint Lucie, puis entre Saint Lucie et La Martinique. Ce sont des zones où le vent s'accélère et la mer se lève. A peine sortis de notre mouillage, nous sommes dans le bain ! Jeanne voulant barrer, je lui laisse volontiers ma place : il pleut et on m'a prêté des livres. J'ai très envie de m'enfermer dans une cabine pour les commencer ! Évidemment, ce n'était pas la bonne option, le mal de cœur ne me quitte plus....Le bateau gîte énormément et tape, nous sommes au près. Pour le dîner, nous avions préparé une bonne salade de riz qui devait caler nos estomacs. Il ne restait plus qu'à l'assaisonner, mais le capitaine a voulu défier les lois de la pesanteur : nous sommes tellement penchés que l'huile se déverse à côté du saladier, rendant toute une partie du plancher semblable à une patinoire : on se croirait à Intervilles...mais pour l'instant, ça ne me fait pas franchement rire, je me concentre sur mon estomac, il faut que la salade passe... Comme il fait nuit très tôt, nous envoyons vite Philippine se coucher . D'habitude, quand elle dort, elle n'est pas malade. Ce soir, ce sera différent, elle appelle déjà pour avoir une bassine. Jérôme ne fournit plus : en plus du bateau, il gère les bassines de Fifi, me tient par les pieds pour que je ne passe pas par-dessus bord en vomissant, tout en évitant la patinoire. Ça n'était pas arrivé depuis Gibraltar. Et dire qu'on se sentait à l'abri aux Caraïbes... Jeanne est à la barre, c'est une bonne chose. Le mal de mer aidant, je suis persuadée qu'elle ne va pas réussir à tenir le bateau. En somme, je lui pourrit son quart, en criant à chaque écart de barre. Et puis je vois un éclair. Je fais sortir Jérôme à toute vitesse pour qu'il enroule le génois. Il s'exécute puis cherche d'où vient cet orage …. je lui indique les nuages où j'ai vu des éclairs, et on voit en sortir …. un avion.... Si je pouvais, je rentrerais bien me coucher pour laisser les autres gérer leur quart...La nuit sera longue. Notre pilote étant de nouveau en panne, nous nous relayons toutes les deux heures pour barrer.

    Comme prévu le lundi matin, nous sommes les premiers à faire le plein d'eau du bateau et à la réparation du pilote que nous envoyons en garantie. Retourner au Marin, c'est un peu comme rentrer à la maison. On y connaît maintenant tous les corps de métier, on y retrouve plein de bateaux croisés sur notre parcours et on est copains avec les caissières. Mais en une matinée, nous avons réussi à faire tomber les clés au fond du port, mettre le frigo en sécurité et la gazinière en panne. Il doit y avoir des ondes bien négatives ici ….

    Le Carnaval approche et les préparatifs vont bon train : il règne ici une ambiance de fête. Les défilés se préparent, la musique est partout, à fond les décibels ! A sainte Anne, où les réjouissances commencent, nous retrouvons Arlette et Bruno, les parents de notre belle-sœur du Nord , Aline. Nous les emmenons pour une journée de voile près du Marin, dans une petite crique , histoire de leur partager notre quotidien et de passer un bon moment ensemble !

    Impossible pour nous de rester attendre patiemment le pilote : nous avons un peu de temps devant nous et La Dominique nous appelle ! Avec Varatraza, nos amis lyonnais qui voyagent sur un Allure 45 avec 4 enfants, nous laissons le Marin pour faire une première navigation vers l'Anse noire, au sud de Fort de France, une charmante crique qui nous réconcilie avec La Martinique. Demain, c'est direction la Dominique ! Encore un canal à traverser, mais de jour, ça devrait aller ….